COMPTE-RENDU : WEEK-END 9-10 MARS 2022
7e pratique croisée, Graham & Feldenkrais
Graham For Europe propose pour le mois de mars, un week-end au croisement entre la Méthode Feldenkrais et la Technique Graham. Les participant.e.s ont pu, pendant deux jours, explorer les liens implicites en alternant une pratique à la suite de l’autre.
Dès le début, une question s’est posée : un lien, existe-il déjà entre Moshe Feldenkrais, l’inventeur de la méthode éponyme, et Martha Graham, « prêtresse de la danse moderne » qui a développé et donné son nom à la Technique Graham ?
Un lien direct n’était pas connu des participant.e.s ou des professeur.e.s - Molly Schaffner en méthode Feldenkrais, et Jean-Baptiste Ferreira, professeur de Technique Graham - mais c’est finalement par l’envie de croiser les liens par notre propre expérience dans les deux pratiques, que s’est initiée ce nouveau week-end de pratiques croisées.
• L’écoute singulière vers la pratique commune
Moshe Feldenkrais a pensé sa pratique, d’abord par l’écoute de son propre corps, et par ses propres besoins pratiques, notamment après une blessure au genou qu’il a surpassé en se tournant seulement vers son propre potentiel. De la même manière, Martha Graham forge sa Technique d’après les ressentis de son propre corps de femme. Son vocabulaire se détaille au fur et à mesure de ses besoins, d’après son expérience singulière. C’est à partir du même point de départ qu’a commencé le week-end de pratique : le ressenti dans le corps de chacun.e. Suivant les instructions guidées par la voix de Molly dans sa proposition de prise de conscience par le mouvement, (une des manières d’appréhender la méthode Feldenkrais) chaque individu était au sol, à l’écoute de son propre corps. Les yeux ouverts, ou fermés, l’important était l’écoute de soi, dans un mouvement qui ne nécessitait que très peu d’effort, afin de prendre conscience de la manière dont le corps s’organise lors d’un mouvement.
La première qualité que Molly annonce dans son explication sur la méthode Feldenkrais, est l’idée d’organisation harmonieuse du corps. Celle-ci, permet de trouver l’énergie minimale pour effectuer un mouvement au résultat optimal. Pour cela, Moshe Feldenkrais s’est beaucoup inspiré de la pratique du Judo. Les art martiaux ont également influencé Martha Graham, dans son souci d’aborder des mouvements permettant l’efficacité de sa Technique et d’activer une énergie-puissance à l’intérieur du bassin. Cette recherche d’harmonie et d’efficacité en conscience, fut l’expérience la plus centrale de la pratique du week-end, car elle s’est retrouvée à la fois dans la méthode Feldenkrais lors du premier jour, que dans la Technique Graham enseignée le deuxième jour. En effet, le samedi, Molly a guidé les participant.e.s au sol, dans un mouvement où les membres se repliaient vers le centre - coudes et genoux se touchant dans l’expiration - avant d’inspirer et d’étendre dans un mouvement opposé, les extrémités du corps le plus loin possible. Le deuxième jour, Jean-Baptiste, détaillant la figure mythique des Pleadings en Technique Graham, a utilisé l’expérience du Feldenkrais pour montrer de quelle manière, le corps se « rétrécit » par l’expiration et la contraction, avant de s’étendre dans l’inspiration et le release.
• La découverte et l’approfondissement des deux pratiques au fil des jours
La recherche de la conscientisation du corps dans les deux pratiques a différencié le premier du deuxième jour du week-end. En effet, les deux techniques développent une écoute intérieure très particulière, dont un long travail au cours du temps, facilite la compréhension. Certaines participant.e.s ont révélé que le deuxième jour était plus bénéfique, car il leur a permis d’aller un peu plus loin dans l’expérience d’écoute. Et en ce sens, le travail en Technique Graham du deuxième jour, ayant anticipé la pratique du Feldenkrais, leur a permis de s’organiser de manière corporelle et mentale comme il est nécessaire dans un cours de danse, avant de pouvoir rentrer dans une réalité physique plus conscientisée. À l’inverse, d’autres participant.e.s ont aimé l’idée de commencer par la pratique du Feldenkrais, comme ce fut le cas lors du premier jour, afin d’appréhender la Technique Graham de manière plus sereine.
Dans les deux cas, les participant.e.s ont découvert quelque chose lors de ce week-end. Ceux qui connaissaient déjà la Technique Graham n’avaient aucune idée de ce que pouvait être la méthode Feldenkrais, et cela s’est révélé utile dans leur pratique. Ils et elles ont pu sentir, de quelle manière il était possible de relâcher des tensions, ainsi que de véritablement sentir le poids du corps, ou la manière dont il peut s’allonger. À l’inverse, les participant.e.s ayant déjà pratiqué la méthode Feldenkrais, n’avaient jamais fait de Technique Graham, et beaucoup était heureux.se de découvrir un univers totalement nouveau et riche d’un vocabulaire spécifique. Chacun et chacune, venant avec son individualité et ses sensations, a pu d’une manière ou d’une autre, entrer dans le week-end et s’enrichir d’éléments nouveaux, par la proposition du lien entre les deux pratiques.
Laura Rivet, assistante de recherche du ParisLab