COMPTE-RENDU : WEEK-END 9-10 OCTOBRE 2021
2e pratique croisée, Graham & Gaga
• L’enjeu du croisement
Ce second week-end de pratique croisée s’est tourné vers deux espaces géographiques bien précis : entre l’Israël et les États-Unis. C’est par l’intermédiaire de deux figures majeures de la danse moderne et contemporaine actuelle, dont les pratiques sont aujourd’hui aussi reconnues que leur nom, que le Gaga d’Ohad Naharin et la Technique Graham de Martha Graham se sont rencontrés. Le choix de lier ces deux pratiques n’est pas anodin, car une histoire commune relie profondément les deux pratiques. L’influence majeure de Martha Graham en Israël et son choix d’y co-créer une compagnie (la Batsheva Dance Company) avec la baronne De Rotschild, ont permis une extension du monde grahamien et le développement de l’importance accordée à la danse dans le pays. Ohad Naharin en est l’un des héritiers, d’un point de vue personnel et institutionnel. Ainsi, les participants du week-end n’ont pas seulement croisé deux techniques, mais également deux histoires, deux maîtres, et deux espace-temps.
• Le jeu de la pratique
Rafael Molina, professeur de Technique Graham, l’annonce dès le premier temps d’échange du week-end, les processus des deux pratiques se ressemblent. Delphine Jungman, Gaga Teacher, et seconde intervenante du week-end le confirmera. Les deux pratiques s’enrichissent du présent, dans la nécessité d’être et de ressentir le moment où l’on danse, afin d'expérimenter, de vivre et de "savourer" intensément le mouvement. Ce dernier devient nécessaire, vital, il est là. Présent d’abord en soi, le mouvement initié dans le corps rencontre l’extérieur et se renforce dans le collectif. Les individualités de chaque participant deviennent comme des cellules animant un corps commun. Finalement, les pratiques prennent vie sous nos yeux.
Les appréhensions de certains participants considérant, au début du week-end, la Technique Graham comme « trop difficile », ou avouant que le Gaga « faisait peur » par sa continuelle improvisation, se dissipent. Le Gaga ou le Graham ne répondent plus aux clichés figés dont ils peuvent parfois faire l’objet, mais deviennent les outils nécessaires permettant une écoute particulière du corps. S’opposant ainsi aux premières appréhensions et au besoin d'être rassuré sur sa place au sein du groupe et de ces pratiques, le second temps d’échange clôturant le weekend témoigne de l’émergence d’une circulation d’énergie collective et nouvelle. Certains avaient « encore faim » d’apprendre, quand d’autres ont été rassurés par l’approche globale, accessible et bienveillante transmise dans les deux pratiques.
Le langage verbal laisse place à l’écoute du mouvement, l’histoire s’est actualisée dans le présent et la danse a réuni le temps d’un week-end des participants amateurs, des danseurs professionnels ou autres artistes et curieux grâce à la pratique croisée proposée par Graham For Europe.
Laura Rivet, assistante de recherche du ParisLab