SAISON 2 - Graham & Beamish (8-9 octobre)
1ère Pratique Croisée - Saison 2 Graham & Beamish (8-9 octobre)
Pour construire sa Technique éponyme, Martha Graham a utilisé son propre corps comme base de connaissance. À partir d’elle, de ses sensations, et la compréhension de son intériorité, Martha Graham provoque l’extérieur, son mouvement va vers les autres, et l’ensemble des danseur•euse•s, autant que pour les autres, sur scène.
« L’art du danseur est bâti sur une attitude d’écoute, qui implique tout son être. […] J’évoque la nécessité d’écouter son propre corps. »
- Graham, Martha, Mémoire de la danse. Traduit de l’américain par Christine Le Boeuf, Babel, 1992
PREMIÈRE CONNEXION
Le premier week-end de Pratique Croisée de la saison, à voulu mettre l’accent, sur l’importance de l’écoute et le travail de conscientisation du mouvement, une partie essentielle de la Technique Graham.
« Je cherche l’avidité, la soif de vivre, une mémoire du sang dont le danseur se souvienne, lui permettant d’invoquer davantage de vie que ce qu’il ou elle a déjà vécu. Il doit y avoir… une volonté d’explorer des sentiments inconnus, l’audace de les ressentir et de les laisser devenir une partie intégrante de son être. C’est effrayant. C’est terrifiant. Mais on le fait parce que l’on n’a pas le choix. - Martha Graham. » »
- Legg, Joshua. Introduction aux techniques de danse moderne. Cunningham, Dunham, Graham, Hawkins, Horton, Humphrey, Limon, Nikolais/Louis, Taylor. Traduis de l’anglais par Laure Valentin, Gremese, 2014, p. 27
Ainsi, le Beamish Body-Mind Centering, proposé par Wayne Byars, a rencontré durant 2 jours la Technique Graham de Jean-Baptiste Ferreira. Dès les premiers minutes, Wayne Byars, nous propose, debout, de fermer les yeux et de tendre les bras à l’horizontal, essayant de les étirer au maximum. Laissant tomber un bras, l’exercice consistait à s’imaginer toucher le mur opposé avec la pointe de nos doigts, tendus au bout du bras resté en place. Les mains sont invitées à traverser le mur, jusqu’à toucher les fauteuils sur lesquels nous étions avant d’entrer dans le studio. Les yeux fermés, nous sentions la texture de ces derniers, nous visualisions leur couleur. Après un instant dans le silence, Wayne nous rappelle au moment présent, et nous propose d’ouvrir les yeux, puis de tendre les deux bras devant nous. Des soupirs ébahis fusent alors dans le studio. Avec étonnement, le bras que nous avions tendu dans notre imaginaire avait gagné cinq centimètres de plus que l’autre. « C’est ça la force de l’esprit », ajoute simplement Wayne.
Par un seul et unique exercice, Wayne a tout de suite transmis l’intérêt et les fondamentaux de la pratique corporelle des deux jours à suivre : Le Beamish Body-Mind Centering est une boîte à outil pour les danseurs, comme les nombreuses pratiques somatiques dont il fait partie, il permet une prévention du corps et une compréhension plus large. En effet, il est possible de se concentrer sur une partie qui peut traverser des difficultés par exemple, et les résoudre par le Beamish.
« Ma mission est de transmettre partout et autant que je peux. Il faut être patient, aller vers, rester, écouter. Cela fait du bien, pour des danseurs de tout genre », affirme Wayne Byars.
SE RETROUVER DANS SON CORPS, LE TRANSCENDER DANS LA DANSE
« Cela m’a permis de retrouver mes repères debout, plus axée dans mon corps. », ajoute Audrey.
Les exercices traversés durant la partie Beamish du stage ont fait écho aux exercices de Technique Graham. Des similarités se sont faites entre le « cercle du coccyx » et le « cercle du coeur » en Beamish, avec la Contraction de la Technique Graham. En Body-Mind Centering, l’exercice consistait à respirer en conscientisant un cercle du coeur au coccyx, et dès les premiers exercices de la Technique Graham comme les Bounces et les Breathings, le lien s’est fait par la même utilisation de la respiration et du faire en conscience. Les participant•e•s, les plus initié•e•s en Technique Graham, qui par habitude, pensent la contraction comme une « scoop under », l’ont pour la première fois pensée dans l’autre sens, grâce à l’exercice du Beamish.
L’approche somatique du mouvement initié dans la premier partie du stage au travers du Beamish Body-Mind Centering, est en lien avec l’organicité présente dans la Technique Graham, et a permis aux participant•e•s de mettre en lumière cette partie du travail de Martha Graham, ce qu’il n’aurait pas eu l’occasion de faire dans un contexte plus traditionnel de cours de Technique Graham.
« Le facteur de connexion entre le paysage intérieur et le mouvement physique, comme Eilber le souligne, est que la technique de Graham est sous-entendue par la puissance de son travail central. Le souffle, la contraction, le mouvement des hanches et des spirales influencent et dirigent les extrémités. […] Elle se construit dès le travail au sol du début de classe, jusqu’aux sauts de fin. Eilber expliqua : « […] Chaque mouvement doit avoir des buts basés sur des idées émotionnelles et conduisant à l’expression physique. Quand je donne un cours, je propose souvent aux étudiants de construire un catalogue émotionnel, afin qu’ils puissent être conscients de ce qui les touche émotionnellement. Ces notions peuvent être conservées pour un emploi ultérieur, en classe ou dans leur travail sur scène.
- Legg, Joshua. Introduction aux techniques de danse moderne. Cunningham, Dunham, Graham, Hawkins, Horton, Humphrey, Limon, Nikolais/Louis, Taylor. Traduis de l’anglais par Laure Valentin, Gremese, 2014, p. 29
L’enjeu de la Pratique Croisée s’est reflétée dans les connexions entre respirations, énergies, et flux, retrouvées dans les deux pratiques corporelles. Ainsi que les nouveaux liens qui ont été trouvés tout au long des deux jours. Ce lien de vie, chacun•e a pu l’exprimer différemment, surpris •e•s de découvrir de nouvelles choses, de prendre goût à former un puzzle corporel. Les participant•e•s ont finalement pris goût à la découverte de leur corps, et à son appropriation. La respiration comme un soutien, le corps enraciné dans la vie et le moment présent de la Pratique Croisée.
Laura Rivet, chercheuse pour le Paris Lab